55

Les flottes d’invasion tombèrent des cieux comme une tempête de météorites de Nkllonia. Le ciel fut alors traversé par une armada effrayante s’étendant sur près de cent kilomètres de distance. Les explosions se succédaient et d’immenses champignons de fumée noire s’élevèrent sur son passage. Debout dans l’une des tourelles d’artillerie installées sur le toit du bureau de Fey’lya, Leia s’accorda deux secondes pour admirer l’effroyable spectacle et se laisser transpercer par les infrasons des détonations. Il y avait quelque chose à la fois de primal et de magnifique dans la puissance de ce débarquement, quelque chose qui déclencha en elle une détermination passionnée, une volonté qu’elle croyait enfouie à tout jamais dans les souvenirs de sa jeunesse et qui avait refait surface au moment de la mort d’Anakin.

Han vint se poster juste à côté d’elle et lui tendit un casque communicateur d’artilleur.

– C’est la fin du monde, dit-il. Qui aurait cru qu’on vivrait assez longtemps pour y assister ?

– Il y aura d’autres mondes, Han. (Elle enfila le casque et en boucla la mentonnière.) Comme il y en a eu d’autres après Alderaan.

Le sourire que Han lui adressa était aussi espiègle qu’à l’habitude, mais, cette fois-ci, il était plus nostalgique que moqueur.

– Eh bien, espérons que ce monde-ci tiendra le coup jusqu’à ce qu’on ait fini de recharger nos réservoirs de liquide de refroidissement.

Des faisceaux colorés montèrent des toits dans le lointain pour intercepter la flotte de débarquement. Des vaisseaux, presque invisibles à l’œil nu à cette distance, semblèrent surgir de partout, certains se transformant en disques orange avant de produire des scintillements d’une blancheur immaculée. Il fut répondu au feu des turbolasers par un torrent de boules de plasma. Des tours entières se transformèrent en colonnes de duracier liquide. Dans certains cas, des bâtiments plus solides encaissaient les premières salves sans broncher puis succombaient au deuxième ou au troisième assaut. Des vagues sinistres de coraux skippers et de barges volantes avançaient en aval des flottes de débarquement, tirant profit du bombardement pour localiser et attaquer les tourelles de turbolasers. Les vaisseaux Vong furent bientôt attaqués par un nombre restreint de chasseurs atmosphériques de la Nouvelle République et une pluie d’épaves en proie aux flammes commença à s’abattre sur les toits de Coruscant.

La voix du Général Rieekan retentit dans les écouteurs du casque de Leia :

– Batteries légères, aux postes de combat. Attendez mon ordre pour tirer.

Han s’installa dans le siège d’artilleur, d’un côté du canon laser, et Leia prit place dans celui réservé à l’officier, de l’autre côté. Elle n’avait pas choisi la tâche la plus aisée car elle devait sélectionner des cibles et leur allouer des priorités sur le moniteur du canon. Tout ce que Han avait à faire, c’était d’abattre les cibles choisies. Leia enclencha la batterie de capteurs et commença à calculer des élévations, assignant des préférences basées sur les positions des vaisseaux de débarquement qui risquaient de s’approcher le plus vite.

Au cours des dix secondes qui suivirent, l’intensité des tirs de turbolasers faiblit un peu mais les rayons parvinrent cependant à détruire bon nombre de vaisseaux, au point que Leia dut s’y reprendre à deux fois dans ses calculs. Le temps que les engins ennemis grossissent, passant de la taille d’une phalange auréolée de flammes à celle d’immenses oiseaux noirs aux ailes profilées, les turbolasers avaient créé des brèches aussi grandes que des lacs dans l’effroyable armada.

– Ouvrez le feu ! ordonna Rieekan.

Han pressa la détente et l’air fut bientôt empli du mugissement assourdissant des activateurs de décharge de la batterie d’artillerie. Le tir frappa le premier vaisseau de débarquement par surprise, lui arrachant une aile et envoyant l’engin triangulaire tourbillonner vers le sol. Han procédait par des tirs croisés en rafales à la surface des coques pour duper les équipes chargées des boucliers protecteurs. C’était évidemment plus facile de tirer depuis une tourelle stationnaire que de se défendre depuis le poste d’artillerie d’un vaisseau filant à vive allure. Lui et Leia parvinrent à décocher des tirs contre deux autres vaisseaux de débarquement qui allèrent s’écraser contre des immeubles. Ils ne prêtèrent aucune attention aux skips et aux barges volantes qui descendaient de tous côtés vers leur position. C’était aux canons blasters plus légers, installés dans les tours adjacentes, de leur régler leur compte. Et les équipes expérimentées ne laissaient en général aucun attaquant s’approcher de trop près.

Finalement, Leia ne repéra plus aucune cible sur son écran tactique. Elle releva les yeux vers les miasmes noirs des fumées qui se dégageaient des ruines et des épaves en flammes sur tout l’horizon du paysage urbain de Coruscant. Pendant quelques instants, tout fut calme, puis la voix de Rieekan retentit de nouveau dans les comlinks :

– Soyez sur vos gardes. Ils nous envoient les chasseurs-tueurs.

Leia regarda son écran tactique et vit une ligne de barges d’assaut Vong – elle et Han avaient pris l’habitude de les baptiser « rochers d’assaut » – fondre vers leur position. Assez gros pour être frappés par les tirs des canons blasters légers mais bien trop rapides et agiles pour être touchés par les canons lourds, plus lents à manipuler, ces appareils représentaient une menace bien plus sérieuse que tout ce qu’ils avaient affronté jusqu’à présent.

Leia entreprit donc d’assigner des priorités et de relayer les informations à Han.

C’est ce moment que choisit Borsk Fey’lya pour apparaître sur la passerelle d’accès au turbo-élévateur, flanqué d’une paire de soldats des Défenses Orbitales, de solides gaillards aux cheveux blonds et aux mâchoires déterminées. Leurs traits étaient si semblables qu’ils devaient certainement être de la même famille. Du temps où Leia était à la tête du gouvernement, on n’aurait jamais autorisé deux frères à servir dans la même unité, mais ces règles avaient changé depuis la montée de Fey’lya au pouvoir. Les Bothan avaient un drôle de sens de la famille.

– Leia, vous avez une communication qui vient d’arriver à mon bureau, dit Fey’lya. (Son ton brusque suggérait qu’il s’était enfin extirpé de cette torpeur dans laquelle il avait sombré, lorsque le discours de Leia n’avait pas réussi à rappeler à l’ordre les sénateurs ayant détourné des vaisseaux pour se faire escorter loin de Coruscant.) Vous pouvez la prendre à ma console personnelle.

– On est un peu occupés, là, gronda Han en ouvrant le feu sur le premier rocher d’assaut. Au cas où vous ne l’auriez pas remarqué…

– C’est Luke Skywalker, dit Fey’lya. Il semble coincé.

Han cessa de tirer.

– Ici ? Sur la planète ?

– Près de la Mer Occidentale, si j’ai bien compris ce qu’il disait, répondit Fey’lya. La transmission n’est pas très bonne.

Han regarda vers Leia par-dessus le fût du canon. Il comprit qu’elle pensait à la même chose que lui. Si Luke était encore sur Coruscant, cela signifiait qu’on ne savait pas ce qu’il était advenu de Ben.

– Ces soldats vont prendre la suite, dit Fey’lya, faisant un signe aux deux frères.

Leia sauta de son siège et se dirigea vers l’ascenseur. Au lieu de s’écarter et de se mettre au garde-à-vous, comme le ferait tout soldat en présence d’un ancien Chef de l’Etat, les deux gardes la regardèrent passer, complètement impavides. La Princesse devina instantanément que quelque chose allait de travers. Ses soupçons furent confirmés lorsque, ayant invoqué la Force pour sonder les deux militaires, elle ne sentit rien émaner d’eux.

– Veuillez m’excuser, soldat…

Se tournant pour dissimuler son sabre laser accroché à sa ceinture, Leia fit un pas de côté pour laisser passer celui qui se trouvait le plus près d’elle. Du regard, elle attira l’attention de son époux pendant que lui aussi s’écartait pour laisser sa place à l’autre militaire. Han fronça les sourcils. Elle regarda avec insistance vers son blaster et détacha son sabre laser. Une lueur de compréhension brilla dans le regard de Solo et il posa la main sur son blaster.

Le Yuuzhan Vong qui se trouvait près de lui pivota et l’attaqua en le repoussant violemment contre le mur. Han tomba à terre. Sans sortir son arme de son étui, il ouvrit le feu et abattit l’espion.

Leia pressa son sabre laser dans le dos de l’autre Yuuzhan Vong.

– Rendez…

Il fit brusquement volte-face et envoya un coup de coude vers sa figure. Leia se baissa, pressa la commande d’activation de son arme et s’écarta pour voir le Vong blessé à mort s’écrouler à ses pieds.

Fey’lya observa les deux cadavres, claquant des dents en regardant les grimages Ooglith se décoller de leurs visages.

– Dans mon propre bureau ! s’exclama-t-il.

– Peut-être qu’il est temps de détruire les tours des archives, Chef, suggéra Leia avec une certaine légèreté.

Fey’lya la foudroya du regard et un signal d’alarme retentit avant qu’il puisse répondre quoi que ce soit. Un simple coup d’œil au moniteur informa Leia que les espions étaient au moins parvenus à quelque chose. Trois barges d’assaut ennemies étaient en train de prendre position pour détruire la tourelle de tir.

– On dégage !

Elle poussa Han et Fey’lya vers l’ascenseur de service et se lança à leur suite tout en envoyant par son comlink un rapport succinct à l’aide de camp du Général Tomas. Ils émergèrent dix mètres plus bas dans le bureau du Chef de l’Etat. Un instant plus tard, une violente explosion ébranla le plafond blindé de l’appartement. La batterie d’artillerie venait d’être détruite. Leia vit Garv Tomas débouler par la porte du fond. Elle ôta son casque communicateur et se dirigea vers la console de Fey’lya.

– Luke… Luke ? C’est ta sœur… Luke ?

Difficile de savoir, dans le vacarme de la bataille qui se jouait en arrière-plan, si une réponse lui parvint. Elle projeta son esprit et perçut la présence de son frère quelque part, au-delà de l’horizon. Même si elle n’avait pas l’expérience requise pour se rendre compte de son état et de l’endroit où il se trouvait, Leia sentit qu’il était en vie.

– Luke, si tu m’entends, nous te rejoindrons dès que les réservoirs de liquide de refroidissement seront rechargés…

– Ils sont déjà rechargés, en fait.

Leia jeta un coup d’œil vers Garv Tomas. Celui-ci était en train de foudroyer Borsk Fey’lya du regard.

– Ça fait pourtant un moment que j’ai demandé au Chef Fey’lya de vous relayer cette information.

Fey’lya haussa les épaules.

– Oui, mais ils étaient occupés à la tourelle d’artillerie…

– Correction, Luke… (Leia n’était même pas furieuse. S’offusquer devant l’égoïsme du Bothan revenait à exiger d’un Wookiee qu’il se rase la fourrure. Effectivement, ils avaient été fort occupés à la tourelle d’artillerie.) Le Faucon est prêt au décollage. Nous arrivons bientôt, Luke.

Il n’y eut aucune réponse, encore une fois. Elle sentit juste une petite décharge psychique émanant de son frère. Leia espéra que cela signifiait qu’il l’avait bien entendue, mais elle n’avait aucun moyen de s’en assurer. Cela pouvait tout aussi bien signifier qu’il était parti à sa recherche de son côté, qu’il pensait à elle, qu’elle allait lui manquer… Cela pouvait signifier n’importe quoi. Leia se leva et vit que Han était déjà en train de parler des espions à Garv. Le Général secoua la tête, l’air furieux.

– Les gardes postés aux portes sont équipés de scanners épidermiques et ont ordre de les utiliser. Mais des soldats appartenant à différents corps d’armée n’arrêtent pas d’aller et venir et personne ne voudrait refuser le passage à un camarade. (Garv leva les bras au ciel.) Si ça se trouve, ce sont tous des espions Yuuzhan Vong !

– Garv, c’était évident que ce genre de choses finirait par se produire, dit Leia. (Elle se tourna vers Fey’lya.) Je crois que le moment est venu de détruire les tours des archives, Chef. Attendre plus longtemps serait donner à nos ennemis un avantage des plus précieux.

Fey’lya lui adressa un regard courroucé, presque dément, et Leia imagina l’espace d’un instant qu’il allait refuser. Il pivota et observa le carnage qui se déroulait sous ses fenêtres.

– Vous me faussez compagnie, vous désertez, n’est-ce pas ? demanda-t-il. Comme tous les autres sénateurs.

Han leva les yeux au ciel, puis soupesa son blaster comme s’il s’agissait d’une matraque tout en lançant un coup d’œil interrogateur aux deux autres.

Leia poussa sa main pour qu’il range son arme et vint se placer juste derrière Fey’lya.

– Non, pas comme tous les autres sénateurs. Mais il est temps, à présent…

Fey’lya regarda les ruines fumantes de sa cité pendant quelques instants avant de laisser tomber son menton contre sa poitrine.

– Oui, je suppose qu’il est temps. (Il prit un moment pour rassembler ses esprits et se tourna vers Garv.) Général Tomas, donnez l’ordre de détruire les tours des archives. Si vous ne l’avez pas déjà fait…

– A vos ordres, Chef Fey’lya. (Le fait que Garv ne s’empare pas immédiatement de son comlink indiqua que l’ordre avait déjà été donné.) Je vais faire préparer le Premier Citoyen pour le départ.

Fey’lya hocha la tête d’un air las.

– Evacuez autant de monde que possible… Et assurez-vous de prendre place à bord. C’est un ordre, Général.

– Oui, Monsieur, dès que ma tâche ici sera terminée.

– Elle l’est, dit Fey’lya. Ne m’obligez pas à vous chasser.

A contrecœur, Garv inclina la tête.

– Très bien, à vos ordres, Monsieur.

– Parfait. (Fey’lya se tourna à nouveau vers le panneau de transparacier.) Et dites au capitaine Durm de ne pas m’attendre. Je ne vous rejoindrai pas.

– Quoi ? demanda Han. Si vous pensez que vous allez réussir à négocier…

– Han, ce n’est pas ce que le Chef veut dire, l’interrompit Leia, posant un index sur ses lèvres. Chef Fey’lya, vous ne pouvez plus rien accomplir, ici…

– Et que pourrais-je donc accomplir ailleurs ? Qui me fera confiance après tout ça, hein ? dit-il en faisant un vague geste vers l’extérieur. L’Histoire m’accusera de tout ce qui s’est passé ici, aujourd’hui. N’essayez pas de me persuader du contraire.

– Il y a d’autres façons de servir la République…

Fey’lya émit un reniflement dédaigneux.

– Peut-être pour vous, Princesse. (Il lui tourna le dos et marcha jusqu’à son bureau.) Mais pas pour moi. Pas pour Borsk Fey’lya.

 

– Tenez-vous prêts ! (Le capitaine avait hurlé sa recommandation pour se faire entendre à l’intérieur de la tourelle caverneuse de la batterie de canons laser. L’intercom, comme le reste des systèmes de communication, ne fonctionnait plus.) Voilà la deuxième vague !

Luke n’avait guère eu besoin d’écouter l’avertissement de l’officier. Il lui avait suffi de tendre le cou pour apercevoir, par le trou de dix mètres de diamètre pratiqué dans le toit blindé, un rideau de flammes orangées descendre du ciel. Cette fois-ci, l’assaut paraissait plus important et plus rapide que lors de la première vague. Et cette première vague avait déjà réduit à néant plus d’un tiers des batteries de turbolasers de Coruscant.

– Ils mettent le paquet ce coup-ci, dit Mara sans prendre le temps de lire dans les pensées de Luke. (Elle était assise sur un banc de la baie d’observation et avait posé sa cheville, à présent parée d’une attelle au Bacta, sur un casque d’artilleur.) La première attaque était juste destinée à nous affaiblir.

– Han et Leia ne vont pas tarder, dit Luke en prenant la main de son épouse. J’ai dit à Borsk où nous étions.

– Mais lui, est-ce qu’il leur a passé le message ?

Luke s’abstint d’essayer de la rassurer. La peur qu’ils avaient ressentie chez Ben toute la matinée s’était transformée en une étrange sensation de déconnexion. Mara, toujours plus réaliste qu’optimiste, était prête à imaginer le pire. N’étant pas du genre à aimer se reposer sur les autres, elle s’en voulait d’avoir laissé le bébé à Leia et à Han après la mort d’Anakin. Elle était à présent convaincue de ne plus pouvoir compter sur qui que ce soit d’autre pour sauver son enfant. Luke, lui, faisait confiance à la Force. Mais il savait bien que toute issue malheureuse risquerait de mettre sérieusement sa foi en doute.

Les turbolasers jumeaux commencèrent à projeter leurs faisceaux bleutés vers le ciel. Chaque décharge faisait vibrer l’imposante tourelle de tir avec tant de violence que Luke eut l’impression que ses jambes allaient se dérober sous lui. Cette fois, très peu d’explosions étoilées ou de traînées de feu orange apparurent au cœur de la flotte de débarquement. Un flux continu de points lumineux se transforma en sphères crépitantes de plasma blanc qui vinrent s’écraser contre les déflecteurs de la batterie, réparés en catastrophe. A chaque nouvel impact, l’éclairage intérieur faiblissait. A chaque nouveau coup, d’autres appareils disparaissaient dans des cascades d’étincelles.

Au beau milieu de ce chaos, R2-D2 se mit à siffler et à couiner avec tant de vivacité qu’on l’entendit, deux tourelles de tir plus loin. Luke se pencha et regarda en direction de la batterie numéro deux, où le petit droïde avait été réquisitionné pour remplacer une unité R7 endommagée. Il vit l’officier de faction gesticuler furieusement pour lui demander de le rejoindre.

– Je reviens tout de suite, dit Luke à Mara.

Une deuxième boule de plasma parvint à franchir le bouclier et perça un nouveau trou dans le plafond blindé. Quelques secondes plus tard, deux autres boules infernales s’abattirent sur la tourelle elle-même et vinrent s’écraser contre ses parois intérieures. La baie sombra sous un épais rideau de fumée et des cris commencèrent à retentir un peu partout. L’un des canons rendit l’âme et quelqu’un activa le signal d’évacuation.

– Une petite seconde, Skywalker, lança Mara, se levant pour suivre Luke en claudiquant. Tu ne vas nulle part sans moi !

Les opérateurs des ordinateurs de visée avaient déjà déguerpi de la baie numéro deux mais l’officier qui avait fait signe à Luke était toujours là. Il pointa un index vers un moniteur vidéo.

– Votre droïde a commencé à s’exciter, disant qu’il fallait absolument que vous lisiez ça. (Il tourna les talons et prit la fuite avec le reste du personnel.) Il a capté ce signal par les transferts de données de téléciblage ! cria-t-il par-dessus son épaule. Je crois que c’est un très vieux code d’urgence !

Le moniteur affichait un flot de coordonnées temporelles et orbitales, ainsi qu’un message de cinq mots : Colis récupéré sur Byrt – Calrissian.

– Sacré Lando ! s’exclama Mara. Pour un peu, je l’embrasserais !

Luke pianota sur le clavier de la console pour imprimer les coordonnées sur une feuille de filmplast.

– Et pour un peu, je te laisserais faire !

 

Au lieu de risquer de se heurter aux batteries légères de défense de Coruscant, qui étaient encore assez nombreuses, la deuxième vague passa en vol stationnaire à environ deux mille mètres d’altitude. Les vaisseaux déversèrent alors des flux continus en spirale de petites silhouettes sombres. Ces silhouettes commencèrent à se rapprocher et apparurent comme des rectangles noirs dotés d’ailes en forme de V. Il apparut quelques instants plus tard qu’il s’agissait de guerriers Yuuzhan Vong suspendus à d’énormes créatures semblables à des mynocks. Observant la scène depuis le balcon de son bureau, Borsk éprouva une certaine admiration face à la tactique de Tsavong Lah, pour la façon dont il avait préparé sa nouvelle attaque en s’inspirant des leçons tirées de la précédente, la manière dont il avait dupé son ennemi, le laissant à mille lieues d’imaginer ce qui allait se produire. C’était une stratégie classique du dejarik qu’on appelait le coupe-gorge. Et le Maître de Guerre était en train de l’exécuter avec autant de savoir-faire qu’un vieux champion Bothan.

Ce qui décupla la haine que Borsk éprouvait déjà à l’encontre des Vong. Ceux-ci étaient en train de mettre en pratique sous ses yeux ce que lui avait tenté d’appliquer en y consacrant toute une vie de travail. En agissant ainsi, les Yuuzhan Vong avaient fait en sorte de s’assurer qu’on se souvienne à tout jamais de Borsk Fey’lya comme du Bothan qui avait perdu Coruscant. Pour cette raison, Borsk ne souhaitait plus qu’une chose, pratiquer sur Tsavong Lah la fameuse « prise mortelle du faucheux Kintan ». Une telle manœuvre permettrait peut-être de changer l’opinion des futurs historiens de la Nouvelle République à son sujet.

Lorsque les guerriers volants commencèrent à déverser leurs projectiles enflammés sur le palais, Borsk avala une dernière gorgée du verre de porto Endorien qu’il avait en main, puis il se leva et regagna son bureau. Sans s’autoriser le moindre moment d’hésitation ou de peur, il se baissa vers le tiroir du bas et pianota un code qu’il n’avait jamais songé utiliser un jour. Il sortit un petit scanner-émetteur médical du tiroir, en activa la commande de mise en route et l’approcha de sa poitrine. Lorsque le témoin de fonctionnement commença à clignoter au même rythme que son pouls, il plaça le petit appareil au centre de son plan de travail. Il se baissa à nouveau, cette fois pour armer le détonateur de la bombe à protons qui emplissait le reste du tiroir. Certes, la bombe n’était pas très importante, mais elle serait suffisamment puissante pour détruire cette aile du palais, ainsi que tous les secrets qui y étaient contenus.

Au moment où il terminait ses préparatifs, les soldats ennemis étaient en train d’encercler les tours des archives en proie aux flammes, investissant tous les balcons et éliminant les derniers bastions de résistance. Ne rencontrant aucune difficulté sur la terrasse du bureau du Chef de l’Etat, une escouade de Yuuzhan Vong volants envahit le balcon où Borsk était assis quelques instants auparavant. Le Bothan attendait derrière son bureau. Il regarda les guerriers défoncer la porte-fenêtre à coups de pied, alors qu’il leur aurait suffi de presser un bouton pour en commander l’ouverture. Les deux premiers soldats se précipitèrent vers lui et pointèrent leurs bâtons Amphi vers sa gorge. Ils se gardèrent de le massacrer sur-le-champ en constatant qu’il avait ses deux mains posées bien à plat sur son plan de travail. D’autres guerriers pénétrèrent dans le bureau et allèrent vérifier les portes d’accès avant de commencer à démolir du matériel. Un officier bardé de tatouages de la tête aux pieds s’approcha de la table de Borsk.

Avant que le Yuuzhan Vong puisse parler, le Bothan prit la parole :

– Je suis Borsk Fey’lya, Chef d’Etat de la Nouvelle République. Si vous avez l’intention de me blesser, vous le faites à vos risques et périls.

L’officier plissa le nez de façon dédaigneuse.

– Il semblerait que je n’aie pas grand-chose à craindre de vous ou de votre Nouvelle République, Borsk Fey’lya.

– Alors peut-être aurez-vous plus à craindre de votre Maître de Guerre, déclara Borsk très calmement. Tsavong Lah voudra très certainement s’entretenir avec moi. Faites-lui savoir que je suis prêt à le recevoir ici même.

– Vous verrez le Maître de Guerre quand il le voudra et à l’endroit qu’il aura choisi. (L’officier posa les yeux sur le scanner à pulsations cardiaques qui reposait sur le bureau de Borsk.) Quelle est cette abomination ?

– Un accessoire de communication, mentit Borsk. Je peux m’en servir pour entrer en contact avec les troupes de la Nouvelle République basées sur Coruscant.

Plus prompt encore à avaler le mensonge que le Chef de l’Etat ne l’avait espéré, l’officier poussa l’accessoire vers Borsk.

– Dites à vos troupes de déposer les armes et nous les épargnerons.

– Je le ferai après avoir négocié les termes de la reddition avec Tsavong Lah.

L’officier abattit son bâton Amphi sur la main de Borsk. Quelque chose de pointu s’enfonça dans sa fourrure et pénétra dans sa chair. Il sentit le flux brûlant du venin remonter dans ses veines et remarqua le clignotement frénétique du scanner médical, toujours en phase avec ses pulsations cardiaques. Borsk leva sa main libre et appuya fortement sur le point de compression situé sous son aisselle. Il regarda l’officier et haussa les épaules.

– Vous pouvez m’injecter tout le poison que vous voulez. Pour moi, cela ne fera aucune différence si vous ratez l’occasion d’offrir un beau sacrifice à vos dieux.

– Vous présumez beaucoup, Fey’lya, en imaginant que vous puissiez être digne d’être offert en sacrifice.

En dépit de ses paroles, l’officier se tourna et parla à voix haute en Yuuzhan Vong. L’un des villips accrochés à ses épaules lui répondit. Il hocha respectueusement la tête et, sans dire quoi que ce soit à son prisonnier, posta les membres de son escouade à tous les points stratégiques de la suite installée au sommet de la tour. Borsk regretta alors de ne pas avoir pensé à ramener la bouteille de porto qu’il avait laissée sur le balcon. Il était à présent persuadé qu’il mourrait dès qu’il relâcherait le point de compression sous son bras, mais la douleur n’était pas si pénible que ça et ne l’aurait certainement pas empêché de tenir la carafe de sa main blessée. Il avait jusqu’à présent réussi à berner l’officier et il aurait certainement pu continuer à le bluffer ainsi pour le seul plaisir de s’accorder un dernier verre.

Dehors, les Yuuzhan Vong volants continuaient d’investir l’espace aérien de Coruscant, échangeant des tirs avec les batteries d’artillerie légère, prenant possession, petit à petit, des dernières places fortes installées aux sommets des toits. Les tirs des canons faiblirent considérablement et une nouvelle vague de rochers d’assaut s’abattit sur les poches de résistance, transformant les tourelles en squelettes de duracier fondu. Finalement, les barges de débarquement descendirent du ciel, déposant des brigades entières de soldats-esclaves reptoïdes sur les terrasses tombées aux mains de l’ennemi. Les Yuuzhan Vong prétendaient être de grands guerriers, mais Borsk n’eut aucun mal à deviner qui allait se charger des basses besognes dans les niveaux les plus inférieurs de la planète capitale.

En dépit de la douleur qui lui paralysait le bras, Borsk fit appel à sa longue expérience d’homme politique pour conserver un visage aussi impassible que possible. Un énorme rocher d’assaut s’arrêta alors à hauteur de son balcon et une compagnie de guerriers couverts de tatouages en débarqua.

Un individu dépourvu d’oreilles et portant une cape d’écaillés colorées par-dessus son armure entra dans le bureau et vint se poster à côté de Borsk. Sa bouche était dénuée de lèvres et son visage était si mutilé qu’il était impossible de faire la différence entre les tatouages et les cicatrices. Borsk sut immédiatement que ce n’était pas Tsavong Lah. Comme presque tout le monde dans les rangs de la Nouvelle République, Fey’lya avait assisté à la retransmission du message de Tsavong Lah après la chute de Duro, lorsque le Maître de Guerre avait exigé qu’on lui livre les Jedi. Et ce visage, aussi effrayant qu’il soit, n’avait rien à voir avec celui du chef Yuuzhan Vong.

– Vous pouvez vous lever, dit le nouveau venu.

– Je me lèverai en présence de Tsavong Lah.

Le Yuuzhan Vong tendit la main. Un de ses subordonnés lui passa un bâton Amphi. Il en abattit la tête sur la main blessée de Borsk. Le Bothan se mordit la langue pour ne pas pousser un cri et il se sentit immédiatement nauséeux.

– Dites à votre Maître de Guerre de se dépêcher, lança Borsk, luttant pour ne pas s’effondrer. Je vais mourir bientôt.

– Je suis Romm Zqar, commandeur de ce débarquement, annonça le Yuuzhan Vong. C’est à moi que vous devez rendre les armes.

Borsk secoua la tête.

– Alors, je ne me rendrai pas.

Au lieu de frapper à nouveau la main blessée, Zqar pressa la tête du bâton Amphi contre celle qui maintenait le point de compression.

– Pourquoi insister pour parler en personne au Maître de Guerre ?

– Pour l’honneur. (Borsk s’attendait à la question et avait, depuis bien longtemps, préparé sa réponse.) Si je dois me rendre, que ce soit auprès de quelqu’un de stature égale à la mienne.

Zqar releva la tête et formula une phrase en Yuuzhan Vong. Il y eut quelques minutes de silence. Borsk se sentait de plus en plus malade. Le témoin lumineux du scanner médical se mit à clignoter de plus en plus lentement. Enfin, l’un des villips des épaules du commandeur répondit quelque chose. Zqar hocha la tête et prononça un mot unique dans sa langue maternelle. Il ordonna alors aux autres soldats de quitter le bureau.

Lorsque tous ses subordonnés eurent embarqué à bord du rocher d’assaut qui attendait sur la terrasse, Zqar reprit la parole :

– Vous n’êtes pas l’égal de Tsavong Lah mais le Maître de Guerre vous adresse ses compliments. (Il appuya sur le bâton Amphi, fichant encore plus profondément les crocs dans la main que Borsk tenait sous son aisselle.) Il m’a demandé de vous dire que la prise mortelle du faucheux Kintan est le seul coup réellement intéressant de ce jeu de dejarik que vous pratiquez, vous autres infidèles.

 

L’éclat de l’explosion aurait été visible depuis l’orbite même sans l’agrandissement fourni par la lentille du Kratak. A travers l’oculaire, Tsavong Lah put admirer la sphère de feu blanc qui attestait de la mort de Borsk Fey’lya et la regarder se disperser sur un diamètre de près d’un kilomètre à la surface de la planète. Elle sembla se figer quelques instants, dévorant les façades de tous les bâtiments environnants et pulvérisant tous les vaisseaux de corail yorik qui se trouvaient dans un rayon de deux cents mètres. En plus du vaisseau de commandement de Zqar, l’explosion avait détruit deux engins de débarquement, une vingtaine de barges volantes et tous les guerriers qui devaient se trouver dans l’enceinte du palais impérial, ce qui devait représenter environ vingt-cinq mille Yuuzhan Vong.

– J’aurais dû demander à Zqar de le laisser se vider de son sang, dit Tsavong Lah. Nos pertes d’aujourd’hui sont déjà bien lourdes.

– Je suis heureuse que vous n’en fassiez pas partie, Maître de Guerre. (Seef se tenait près de Tsavong Lah, juste en bordure de la grande lentille, observant le monde qu’ils étaient en train de conquérir. Entre ses mains, elle tenait le villip du grand prêtre Harrar, que le Maître de Guerre avait dépêché sur Myrkr afin de superviser la capture et le rapatriement des jumeaux Solo.) Son éminence Harrar a bien eu raison de vous conseiller de rester à bord.

Tsavong Lah médita quelques instants puis s’adressa directement au villip du prêtre :

– Seef loue votre sagesse, mon ami. Elle pense également que je ne suis pas encore prêt à me présenter devant Yun-Yammka.

– Le fait d’être prêt ou pas n’a rien à voir, Maître de Guerre, dit le villip d’Harrar. L’essentiel est de connaître les désirs des dieux. Ils ne souhaitaient pas vous voir disparaître lorsque le Sunulok a été détruit et cela aurait été considéré comme un blasphème de laisser le chef des infidèles vous tuer.

Le Maître de Guerre observa de nouveau le palais impérial et vit la sphère infernale se contracter sur elle-même, entraînant dans le vide qu’elle était en train de créer des volutes de fumées, des nuages de débris et des nuées de cadavres. L’explosion avait anéanti ce qui, sur les schémas fournis par Viqi Shesh, correspondait aux ailes administratives et directoriales du palais. Seuls la grande chambre de convocation et les bureaux sénatoriaux demeuraient encore plus ou moins intacts. Mais il n’y avait plus la moindre raison de croire qu’ils puissent encore contenir toutes les informations vitales dont les scribes espéraient s’emparer.

– Je ne suis pas certain que les dieux seront si heureux de me savoir vivant, éminence Harrar, dit Tsavong Lah, jetant un coup d’œil aux écailles et aux pointes saillant de la chair qui continuait de pourrir au niveau de son épaule. Il est préférable de mourir en servant un but victorieux que de souffrir la disgrâce d’un banni.

– La gangrène aurait-elle repris son avance ? demanda Harrar.

– Disons qu’elle ne s’est pas encore arrêtée, le corrigea Tsavong Lah. Les dieux m’ont donné Coruscant. A présent, je dois leur donner les Jeedai jumeaux.

– Vous y arriverez, ô puissant Tsavong Lah. (En s’adressant ainsi à lui, Harrar lui offrait un témoignage de leur amitié car rares étaient les prêtres qui accordaient autant de respect aux guerriers.) La ruse de Vergere est un succès. Elle vient d’annoncer que Jacen Solo était son prisonnier.

– Et Jaina Solo ?

– La dernière fois que je me suis entretenu avec lui, Nom Anor m’a déclaré qu’elle serait bientôt à sa merci.

Seef poussa un soupir de soulagement, mais le Maître de Guerre sentit comme un nœud dans son estomac. Yal Phaath l’avait déjà contacté pour se plaindre de la destruction du centre de clonage et de la perte de leur voxyn élémentaire. Il savait donc qu’il était encore possible de douter de la parole de Nom Anor. Il croisa son poing et sa pince de radank devant sa poitrine et s’inclina devant le villip d’Harrar.

– Gloire aux dieux, Eminence. Tout Coruscant attend votre retour avec impatience.

 

Ils firent pivoter le Ksstarr à nouveau. Le masque de visée que portait Jaina signala trois corvettes de corail yorik fonçant dans leur direction. Derrière ces trois appareils, le vaisseau-monde se découpait contre l’immense disque verdâtre de la planète Myrkr. Le bassin dans lequel ils avaient repéré Jacen sembla encore plus petit que lors de leur précédent passage, paraissant à peine plus large que l’œil à facettes d’un fefze.

– Zekk ! hurla-t-elle à travers son masque de visée. On est encore plus loin !

– C’est parce qu’ils n’arrêtent pas de nous talonner ! gronda Zekk en retour. Ça ne servira à rien si on se fait désintégrer ! Dégage-moi une trouée !

– Vu !

Traitant mentalement Zekk de larve de Sith froussarde, Jaina leva son pouce droit. Le gant de contrôle activa le réticule de visée du masque, une série de cercles concentriques de moins en moins net. Elle posa les yeux sur la silhouette floue la plus à droite et, agissant à tâtons sans réellement comprendre la signification des étranges signaux apparaissant dans son collimateur, elle fit pianoter les doigts de sa main droite, ce qui amena chaque cercle concentrique à se dessiner de façon plus distincte.

Lorsque le disque central se dessina enfin clairement autour de la cible elle serra le poing gauche, dans son autre gant de contrôle.

A l’autre bout du vaisseau retentit le claquement sonore du chargeur automatique du canon à plasma, bientôt suivi de la déflagration assourdissante de l’activateur d’ionisation du projectile. Le masque de Jaina s’obscurcit et elle regarda la sphère enflammée fuser de l’avant du vaisseau.

Son masque s’éclaircit deux secondes plus tard. Sa boule au plasma était en train de décrire une parabole vers sa cible. Mais une ligne impressionnante de tirs ennemis était en train d’avancer vers eux.

– Missiles en approche ! cria-t-elle.

Zekk lança la frégate dans un virage serré ascendant vers la droite et ils s’écartèrent du vaisseau-monde.

– Zekk !

Lowbacca l’interrompit avec un grognement inquiet.

– Comment ça, une flotte ? hurla Jaina.

Elle tourna la tête et discerna une douzaine de silhouettes oblongues, qui venaient d’apparaître en bordure du système, dans son masque de visée. Elle eut un haut-le-cœur. Ce n’était pas tout à fait une flotte mais ils seraient bel et bien pris au piège s’ils essayaient de remettre le cap sur le vaisseau-monde.

Une tornade de boules de plasma fondit sur la partie ventrale du Ksstarr, l’un des projectiles échappa à Tesar, occupé à manœuvrer les anomalies gravifiques protégeant la poupe du navire, et s’écrasa contre la coque. La frégate trembla.

La voix de Zekk retentit dans le masque :

– Jaina ? Qu’est-ce que tu veux faire ?

Jaina ne pouvait pas répondre. Il n’y avait qu’une seule chose à faire. Mais comment pourrait-elle abandonner Jacen ? Après l’avoir réprimandé pour avoir laissé Anakin en arrière, comment pourrait-elle ? Le Ksstarr trembla à nouveau. Un chuintement mouillé se produisit quelque part vers l’avant, attestant qu’une porte valve était en train de se verrouiller pour isoler la zone endommagée par l’impact.

– Jaina ! cria Zekk.

– Je…

Les mots restèrent coincés dans sa gorge, elle eut l’impression d’étouffer. Elle serra le poing et décocha une boule de plasma dan l’espace.

– Il serait préférable pour Jacen que nous prenions la fuite, dit Tenel Ka. Avec un seul jumeau, peut-être retarderont-ils le sacrifice, ce qui nous laissera le temps d’organiser un sauvetage.

Quel sauvetage ? songea Jaina. Ils avaient déjà perdu tant de Jedi. Même Luke ne se risquerait pas à venir sauver Jacen. Mais il n’empêcherait pas Jaina de le faire. Personne ne l’en empêcherait.

– D’accord, dit Ganner. Faisons ce qui est mieux pour Jacen.

– Jaina ? demanda Zekk. Ton frère…

Fais-le ! pensa Jaina. Ne m’oblige pas à le dire !

– C’est bon. (Zekk fit pivoter le vaisseau.) Je crois que je comprends.

– Ce Barabel le croit également, dit Tesar. Nous le croyons tous.

Ce n’était pas possible. Sentant les larmes s’écouler sous le masque, Jaina tourna la tête et le vaisseau-monde apparat, à peine plus gros qu’un poing. Elle ferma les yeux, concentrée sur cette place dans son cœur qu’elle allouait à Jacen. Elle sentit sa présence, une toute petite étincelle qui ne brilla qu’un instant avant de disparaître complètement. Elle ne sentit alors plus rien d’autre que sa propre colère, sa propre haine et son propre désespoir.

– Nous reviendrons, Jacen, dit-elle, trouvant assez d’énergie pour parler. Tiens le coup. Nous reviendrons te chercher.

 

En règle générale, il n’était guère recommandé de raser la surface d’une planète avec un vaisseau dont la gravité artificielle était activée à plein régime. Les perceptions de ce qui devait se trouver en haut ou en bas étaient en conflit perpétuel et produisaient des effets indésirables sur le sens de l’équilibre de la plupart des espèces vivantes. Leia ressentit ces effets dans son estomac et dans sa tête, qui semblaient tous deux ne pas vouloir rester à leur place. En écoutant ce qui se passait sur l’intercom et en respirant les odeurs qui s’élevaient du système de recyclage de l’air, elle devina également les effets que cela devait avoir sur les autres passagers.

Mais on ne pouvait rien y faire. La soute était pleine à craquer de réfugiés n’ayant pas eu la possibilité de se sangler. Puisque le Faucon était en train de virer et de tourbillonner au milieu des voies de circulation aérienne de Coruscant avec un escadron de skips aux trousses, il fallait bien maintenir tout ce petit monde en place. Si Leia s’en sortait vivante, elle considérerait presque comme un privilège de devoir probablement entièrement désinfecter la soute au turbovapeur.

Han fit rouler le Faucon sur le dos et bondit par-dessus un pont. Il se retrouva face à deux skips qui fonçaient vers lui et fut obligé de plonger vers les obscurs niveaux inférieurs. Les deux tourelles laser du cargo vrombirent. Meewahl et un artilleur du palais étaient en train de canarder leurs poursuivants. L’un des tirs fit mouche et une déflagration assourdissante fit vaciller les immeubles voisins. Ce succès n’eut cependant guère d’influence sur le nombre de boules de plasma qui fondaient sur eux.

Leia essaya tant bien que mal de se rasseoir au centre de l’immense fauteuil de copilote, vérifia une carte sur son écran vidéo et poussa un juron.

– On a raté notre sortie…

– Je l’ai fait exprès…

– Bien sûr, mon amour…

Han ralentit et exécuta un demi-tour. Les quadrilasers de la batterie supérieure tirèrent en rafales continues et Meewahl perfora les flancs d’une demi-douzaine de skips surpris par la manœuvre du Faucon. Han inclina l’appareil à quatre-vingt-dix degrés et vira dans une étroite ruelle secondaire. Leia s’agrippa au bras du fauteuil afin de pouvoir continuer à observer la carte de son écran.

– A gauche dans trois, deux…

– Vu !

Le Faucon exécuta un tonneau et s’engagea dans un autre canal, filant à présent au milieu des catacombes humides des niveaux inférieurs de la Mer Occidentale. Meewahl et l’artilleur du palais descendirent deux autres skips. Han fit passer le cargo sous une impressionnante cataracte d’eau, exécuta trois virages enchaînés très rapides et sema les autres skips.

– Pas mal pour un vieux croûton ! dit Leia en s’installant un peu mieux dans son siège. Peut-être que Corran pourrait t’apprendre à piloter une Aile-X quand tout ceci sera terminé…

– Ouais, pour peu qu’il reste encore des Ailes-X sur Eclipse, répondit Solo.

Ils zigzaguèrent au cœur du dédale de bâtiments moisis et de colonnes couvertes de mousse qui soutenaient le lit du grand lac. Puis le nez du Faucon émergea au bout d’une plage de ferrobéton et l’appareil demeura en vol stationnaire sur ses moteurs à répulsion. Droit devant eux fumaient les ruines d’une batterie planétaire de turbolasers. Les canons étaient complètement fondus et l’emplacement de la tourelle évoquait plus le cratère d’un météorite qu’un bâtiment blindé.

– C’est celle-ci ? demanda Han, incrédule.

Leia vérifia son écran.

– C’est bien celle-ci.

Han poussa un juron.

Leia devina ce qu’il était en train de penser. Il avait peur qu’ils ne soient arrivés trop tard mais, sachant que Leia avait probablement encore un atout dans son jeu, il attendait, sans rien dire. C’était toujours le même Han Solo, sans aucun doute, mais un peu changé. Et ce nouveau Han Solo semblait à présent un peu plus en phase avec elle que l’ancien ne l’avait jamais été. Elle commençait à apprécier ce nouveau Han Solo. A vraiment l’apprécier.

Leia ferma les yeux et projeta son esprit pour contacter son frère. Elle laissa sa propre perception de la présence de Luke lui servir de guide, tout comme cela s’était produit sur Bespin, lorsque Dark Vador avait tranché la main de son frère. Au bout de quelques instants, sans regarder, elle indiqua la direction dans laquelle elle sentait sa présence.

– Par là, dit-elle.

– Tu veux dire là-bas ? demanda Han. Là où ce vaisseau de débarquement est en train de se poser ?

Leia ouvrit les yeux et vit une barge de débarquement Yuuzhan Vong, aussi grosse qu’une montagne, descendre sur le sommet de la tour vers laquelle elle était en train de pointer.

– Oui, dit-elle. Ça doit être là.

 

Mara pivota sur son pied valide et envoya sa cheville plâtrée en un coup de pied tournant dans la tempe d’un Yuuzhan Vong. L’assaillant s’écroula. Mara termina son mouvement et abattit son sabre laser sur le guerrier qui se trouvait juste derrière celui qu’elle venait d’assommer. Elle se pencha prestement pour éviter un bâton Amphi venu de la droite et vit Luke baisser sciemment sa garde pour détourner l’attention de l’ennemi. Elle en profita pour dégainer son blaster. Elle le glissa sous son bras et tira. Deux fois. Un rayon de chaque côté de la tête de Luke, frappant pile entre les yeux les deux Yuuzhan Vong qui s’étaient précipités pour l’attaquer.

Luke sourit et fit fouetter son pied, renversant un autre adversaire. Il se redressa, prêt à se fendre. Pour chaque guerrier qu’ils tuaient, une douzaine d’autres affluaient. Les époux Skywalker se propulsèrent parallèlement dans les airs, exécutant une série de sauts périlleux arrière, avant de retomber derrière les lignes de défense improvisées de l’équipe d’artilleurs de la batterie. Avec leurs sabres, ils entreprirent de dévier et de renvoyer tous les tirs qui fusaient sur eux. L’assaut des Yuuzhan Vong commença à se faire plus hésitant. Il prit fin sous les tirs répétés des fusils blasters des artilleurs.

Un sous-officier – il en restait encore deux en faction près de la batterie – s’approcha d’eux.

– Faut se tirer d’ici et gagner les niveaux inférieurs !

– Non ! lui dit Mara. Le Faucon ne pourra pas nous trouver si nous sommes à l’intérieur d’un immeuble.

– Ça n’a plus d’importance maintenant. (L’officier tendit le doigt vers le ciel. Une barge de débarquement de près de mille mètres d’envergure était en train de prendre position au-dessus de la tour.) Comme l’a dit la Princesse : « Battez-vous jusqu’à ce que vous ne puissiez plus vous battre. » Vos amis ne viendront plus. Nous serons plus utiles en bas.

Le vaisseau de débarquement se mit à vomir des torrents de gelée enflammée, chaque goutte perçant un trou gros comme la main dans le toit de duracier. L’une d’entre elles tomba tout près d’eux, ce qui déclencha un cri d’alarme de la part de R2-D2. Mara et Luke invoquèrent alors la Force pour dévier les projectiles qui dégringolaient sur eux.

– T’en penses quoi ? demanda Mara à Luke, sachant qu’il était toujours en contact avec Leia. On est peut-être en train de les attirer dans un sacré traquenard.

Les soutes du vaisseau de débarquement s’ouvrirent et des câbles furent déroulés. Des soldats-esclaves reptoïdes commencèrent à descendre en rappel. Une douzaine de cordes vinrent heurter le toit de l’immeuble au sommet duquel ils se trouvaient.

Luke leva son blaster et ouvrit le feu.

– Il faut rester. Han et Leia ne partiront pas d’ici tant qu’ils ne seront pas fixés sur notre sort. Quel qu’il soit.

Mara hocha la tête.

– Très bien. Je sais que Ben est en sécurité. Autant faire confiance à la Force pour le reste.

 

– Hé ! Mais où vont-ils tous ? demanda Han à personne en particulier, certainement pas à Leia, en tout cas. Non mais tu ne crois pas qu’ils pourraient se tenir tranquilles pendant cinq minutes ?

La tour était une de ces constructions en miroicier, avec un toit en espalier. Bien évidemment, lorsque Leia avait repéré les éclairs des blasters et des sabres laser de Luke, de Mara et du reste des artilleurs, le Faucon se trouvait du mauvais côté de l’immeuble. Il avait fallu se livrer à des acrobaties pendant près de cinq minutes pour contourner la zone et rejoindre le côté du toit où était censé se trouver Luke. Et voilà qu’à présent toute l’équipe de la batterie était en train de dévaler les degrés pour quitter la terrasse.

– Resserre ton harnais, dit Han. Et arme les missiles à fragmentation.

– Les missiles à fragmentation ? s’étrangla Leia. Han…

Solo quitta le toit des yeux et se tourna vers elle.

– Ouais ?

Leia avala de travers et tendit la main vers la commande d’armement.

– Combien ?

Solo lui adressa un petit sourire en coin.

– A ton avis ?

– Tous, dit Leia en appuyant sur les boutons.

Han poussa sur ses commandes. Le Faucon plongea à grande vitesse sous le vaisseau de débarquement et rasa le toit à environ trois mètres d’altitude. Trop lent pour réagir, l’énorme barge éjecta une nouvelle volée de gelée enflammée, ce qui causa plus de dégâts aux reptoïdes encore accrochés à leurs câbles qu’au cargo Corellien et à ses puissants boucliers. Han décéléra brusquement et, en espérant que les rétrofusées ne carboniseraient pas Luke ou Mara, il releva le nez de son appareil.

– Feu !

Leia pressa la commande de tir. La première paire de missiles jaillit du nez de l’appareil et alla frapper le ventre de la barge de débarquement avant que les équipes chargées des anomalies gravifiques de protection puissent réagir. L’onde de choc obligea le Faucon à se cabrer de plus belle. Leia envoya une deuxième puis une troisième volée de missiles. Lorsqu’elle déclencha le tir de la quatrième vague, des explosions se produisirent dans les soutes grandes ouvertes du massif engin et des pans entiers de corail yorik se détachèrent de sa coque.

Les soldats de la Nouvelle République rebroussèrent chemin et foncèrent en direction du Faucon. Han ne parvint pas à distinguer Luke et Mara, mais il était persuadé qu’ils étaient tous deux quelque part dans la foule.

– Occupe-toi de la rampe ! hurla Han en sortant les trains d’atterrissage du Faucon. Et fais en sorte que…

Mais Leia avait déjà rejoint le tunnel d’accès. Meewahl et l’artilleur du palais ouvrirent le feu sur les soldats reptoïdes avec leurs batteries de quadrilasers. Han en profita pour déployer le canon blaster à répétition qui était dissimulé dans la coque, pour faire bonne mesure au cas où la barge de débarquement s’aviserait de déclencher des représailles. Il se rendit compte qu’il devenait de plus en plus difficile de manœuvrer au milieu des débris enflammés qui s’écrasaient tout autour du cargo et comprit qu’il ne pourrait pas tout faire à la fois.

Il pressa donc la commande d’escamotage du petit canon blaster à répétition. Un témoin lumineux se mit à clignoter sur la planche de bord, attestant que la rampe était en train d’être remontée. Han décolla, mit les gaz et fila sous le ventre du vaisseau de débarquement avant de descendre vers les voies de circulation aérienne et de plonger à nouveau sous les infrastructures de la Mer Occidentale. Le cargo avait déjà traversé près de la moitié de la superficie du lac quand Luke entra dans le cockpit, bientôt suivi de Mara, Leia et R2-D2.

– Merci d’être venus nous chercher, dit-il en posant sa main sur l’épaule de Han, avant de s’asseoir dans le siège du copilote. Je commençais à me demander si vous arriveriez un jour…

– Tu sais, les embouteillages sont terribles à cette heure. (Han jeta un coup d’œil à la carte qui s’affichait sur l’écran de Leia et voulut demander à Luke de leur calculer une bonne trajectoire afin de rejoindre l’orbite de la planète. Mais il se ravisa et, du pouce, indiqua l’arrière du cockpit.) Désolé, p’tit gars, c’est le siège de Leia.

Le visage de Luke se décomposa.

– Ah, pardon… (Il se leva et fouilla dans une de ses poches pour en sortir une petite feuille de filmplast.) Je voulais juste te donner ça…

Un silence inconfortable s’installa dans le cockpit. Luke voulut tendre la feuille de filmplast à Han, puis en décida autrement et se tourna vers Leia.

Han leva les yeux au ciel.

– Ecoute, je ne voulais pas te vexer. C’est juste que j’ai besoin de mon copilote à son poste et que toi, tu ailles t’occuper de la tourelle ventrale. C’est tout.

La sensation de soulagement dans la cabine devint presque palpable. Han en fut ravi. La dernière chose qu’il souhaitait, c’était bien que quelqu’un vienne lui présenter des excuses pour la mort d’Anakin. L’impression aurait été atroce, laissant sous-entendre que son fils était mort pour rien.

– Bon, les gars, on se bouge ou quoi ? demanda Han. Mara, peut-être que tu pourrais t’occuper de recharger les lance-missiles. On a des tas de gens à bord qui aimeraient bien foutre le camp d’ici.

– Compris !

Luke et Mara s’écartèrent pour que Leia puisse regagner son fauteuil. Luke en profita pour donner la feuille de filmplast à sa sœur, lui expliquant au passage d’où il la tenait. Le Faucon émergea de l’autre côté de la Mer Occidentale. Han décida de plonger sous les voies supérieures et se livra à une série d’acrobaties afin d’éviter les ponts effondrés et les passerelles en ruine. Laissant R2-D2 se connecter à la console allouée aux droïdes, Luke et Mara rejoignirent leurs postes de combat.

Leia se tourna vers son mari.

– Alors, comme ça, c’est mon siège, hein ?

– Tu te débrouilles plutôt pas mal. (Han regarda l’immense fauteuil de copilote, le vieux fauteuil de Chewbacca, avant d’ajouter :) Si on s’en sort vivants, on pourrait peut-être officialiser tout ça et te faire fabriquer un fauteuil à ta taille…

Leia écarquilla les yeux.

– Quel événement ! (Elle étudia la feuille de filmplast, vérifia le chronographe de la planche de bord et programma une série de coordonnées sur sa console.) Allez, fais-nous partir d’ici, espèce de fou volant !

Han augmenta les gaz et tira sur le manche de direction. Le Faucon fila en chandelle entre les canyons de tours et monta vers le ciel opalescent.

Ils dépassèrent les barges de débarquement et les navires d’assaut avant que les Yuuzhan Vong aient le temps de réagir. Quand ils atteignirent les couches supérieures de l’atmosphère, une corvette – identifiée sur leurs écrans comme le Kratak – déploya ses escadrons de skips et manœuvra pour leur couper la retraite. Luke et Meewahl déclenchèrent leurs quadrilasers. R2-D2 couina et siffla, passant les gammes d’ondes en revue afin de repérer les fréquences de communication alliées.

Han activa l’intercom.

– Mara ? Comment ça se passe avec les…

– Trois sont chargées.

– Ça ira, dit Han, essayant d’avoir l’air sûr de lui. Paré à…

R2-D2 siffla joyeusement puis la voix familière de Danni Quee retentit dans le haut-parleur :

– Faucon, modifiez votre cap de dix degrés. Conservez votre vitesse actuelle. Ne lancez pas vos missiles à fragmentation.

Han obéit instinctivement et jeta un coup d’œil à son écran tactique. Droit devant eux, il n’y avait que des skips à perte de vue.

– Dix degrés ? Vous êtes sûr que ça suffira ?

– Ça ira très bien, confirma Lando sur la fréquence.

Mara intervint instantanément :

– Calrissian ? Qu’est-ce que tu fous ici ? Je ne veux pas que…

– Ton colis est en sécurité avec Tendra, répondit Lando. Ils sont à bord de l'Aventurier.

Han se tourna vers sa femme. Leia se contenta de hausser les épaules et de lui agiter sous le nez la feuille de filmplast que Luke lui avait donnée.

– Faites-moi confiance, dit Danni.

R2-D2 émit un trille. Un escadron de chasseurs Jedi apparut sur les écrans tactiques, attaquant les skips par le flanc.

– Bien compris, annonça Han avant de modifier son cap en direction des coraux skippers. Qu’est-ce qu’on a à perdre, de toute façon ?

Les vaisseaux ennemis se regroupèrent et ouvrirent le feu. Luke et Meewahl firent de même. Le Kratak accéléra pour se joindre à la bataille. Les premières boules au plasma commencèrent à s’écraser contre les boucliers avant.

L’escadron Jedi arriva enfin à portée de tir et ouvrit le feu à son tour. Près de la moitié des skips furent désintégrés.

La corvette sembla soudainement avoir un problème et vira en catastrophe pour s’écarter de la zone de combat. Les skips sombrèrent dans le chaos. Quatre d’entre eux partirent en tourbillonnant, incapables de concentrer leurs tirs. Deux autres se heurtèrent. Les six engins qui se trouvaient en tête continuèrent sur leur lancée, sans se rendre compte de ce qui était arrivé à leurs camarades. L’escadron Jedi décocha une nouvelle volée de tirs et, soudain, il n’y eut plus rien entre le Faucon et la liberté.

– Tu crois que tu peux faire passer ton oiseau par là, espèce de vieux pirate ? appela Lando. Même toi, tu devrais bien être capable d’y arriver.

Han resta sans voix. Un escadron de skips, pourtant disciplinés, ne pouvait se laisser aller à un bazar pareil. Cela aurait presque embarrassé les membres d’un gang de swoops. Et pourtant, c’était bien ce qui s’était produit. Han manœuvra le Faucon pour dépasser les derniers skips. L’Aventurier apparut sur l’écran tactique et Solo mit le cap sur le destroyer stellaire.

– Heu… C’était réel, tout ce qui vient d’arriver ? osa-t-il enfin demander.

– Je crois bien, répondit Luke par l’intercom. Les ondes d’un yammosk viennent d’être brouillées. (Il bascula sur la fréquence générale et ajouta :) Danni, Cilghal, félicitations. Votre réussite est un peu tardive pour sauver Coruscant, mais elle nous donne beaucoup d’espoir pour l’avenir.

– Elle nous donne de l’espoir à tous, intervint Leia. Merci. Les autres pilotes d’Eclipse firent chorus.

Luke reprit la parole sur la fréquence :

– Bon, rassemblons-nous sur l'Aventurier et gagnons le point de rendez-vous. Et soyez prudents. Maintenant que Coruscant est tombée, la responsabilité de maintenir la Nouvelle République en vie incombe aux Jedi.

Han fit pivoter le Faucon pour rejoindre le reste du convoi. Il se demanda si l’appareil parviendrait à effectuer le saut très court qui permettrait de rejoindre le rendez-vous avec autant de passagers à son bord.

– Leia ? Combien de soldats avons-nous récupérés sur le toit ?

Il n’y eut pas de réponse. Han se tourna et vit Leia perdue en pleine méditation. Son visage était fatigué, triste. Solo sentit son cœur chavirer car c’était une expression qu’il n’avait lue sur la figure de son épouse qu’une seule fois auparavant. Il se pencha pour lui prendre le bras.

– Quoi ? demanda-t-il. Pas les jumeaux quand même…

Le visage de Leia resta las et triste mais fut bientôt traversé par une sensation de calme et de peur.

– Ils sont vivants. Mais ils ont des ennuis. De gros ennuis.

– R2 ? Ouvre une fréquence pour contacter l’Aventurier, ordonna Han. On va déposer nos passagers et on va partir les chercher. Juste toi et moi, Leia.

Elle posa sa main sur celle de son époux et secoua la tête.

– Non, Han. Même si nous savions où aller les chercher, même si nous pouvions les rejoindre à temps, et vivants… Non. Ce ne sont pas les ennuis que tu crois. Ils doivent se secourir eux-mêmes.

Han fulmina silencieusement. D’autres types d’ennuis ? Certainement des ennuis dont seuls les Jedi pouvaient souffrir. C’étaient les pires.

– Et pour peu qu’ils n’y arrivent pas ?

– Ils y arriveront, dit Leia, fermant les yeux et serrant sa main. Ils y arriveront.

Étoile après étoile
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